Maitre d'Ouvrage - Paris Habitat / Architecte - SKP Architecture / Lieu - Bagnolet- France / Surface - 2225 m² de logements + 300 m² d'activité /
Coût - 3.860.000 euros / Chargé du projet - Jonny Sturari / Johan Kohls / Camille Petit
Phase - CONCOURS
Le nouveau visage du centre de Bagnolet se dessine à mesure de l’apparition d’opérations de petite et moyenne taille, où le collectif n’est plus la simple résultante de l’addition ou de la superposition de logements individuels. Conformément aux visions des principaux bailleurs sociaux et aménageurs du quartier, les opérations jouent de la pluralité en matière de typologie, matérialité, volumétrie de manière à rompre avec une monumentalité ou une homogénéité aujourd’hui discréditées. Ce projet participe aussi d’une conception nouvelle du logement collectif établie en faveur de constats : la petite taille des opérations encourage la consolidation d’un sentiment collectif, favorisé par des échelles domestiques, l’apparition de nouveaux espaces collectifs comme des aires de jeux, des jardinets, mais aussi des limites de résidence claires. Tous concourent globalement à valorisation d’une appartenance commune à un quartier qui s’est renouvelé.
Ainsi, notre projet s’inscrit dans ce renouveau à plusieurs titres.
1/ Il travaille les échelles et l’implantation de manière à participer activement à la nouvelle physionomie de la ville ;
2/ Il offre aux familles des habitations de qualité qui favorisent une perception positive de la vie en collectivité et des usages apaisés ;
3/ Il innove sur les modes constructifs en excellant dans les domaines écologiques et économiques, il est respectueux de l’environnement, attentif aux conditions de travail des hommes qui
vont le construire et innovant sur les matériaux. Car le contexte du renouvellement urbain est une invitation à imaginer ensemble des solutions alternatives et pertinentes, durable et légères à
la fabrique de la ville dont le logement reste plus que jamais la pierre angulaire.
Le projet se situe dans un îlot traversant de 1234 m², reliant la rue Sadi Carnot et la rue Francisco Ferrer, à hauteur de l’église St-Leu St-Gille de Bagnolet. Le site du projet s’inscrit
dans un tissu urbain relativement hétéroclite
Ce projet est pensé comme un trait d’union entre un tissu pavillonnaire ancien, une quartier d’habitation renouvelé et une rue commerçante et urbaine. Ses rez-de-chaussée actifs en font en
effet un point névralgique autour duquel s’articule la vie quotidienne. Autour, les démolitions et réhabilitation des barres et des tours qui stigmatisaient le quartier des Malassis ont eu
pour effet d’aérer le quartier et de permettre un maillage nouveau de rues d’allées et d’avenues. Dans ce entrelacs sont apparues des bandes vertes, des liaisons piétonnes et, ici et là, des
jardins familiaux qui sont devenus des potagers de poche au pied des immeubles, propices à la sociabilité et créateur de ressources alimentaires.
Le projet met en œuvre ces effets de transitions douces entre les tissus urbains disparates et fait la part belle aux espaces verts en se distribuant sur plusieurs plots. Trois premiers volumes
scandés par des failles suivent la rue Fancisco. Ces failles se révèlent être des accès piéton autant que des espaces verts offerts à la vue des passants. Cette stratégie d’implantation rompt
avec la linéarité du passé et engendre un jardinet à l’entrée principale de la résidence. Celui-ci se prolonge sur une aire de jeu pour les jeunes enfants de la résidence et perce des vues sur la
rue Sadi Carnot
Ainsi, la ville arrive au logement de manière nuancée et filtrée, sans heurt, et dans une forme de continuité apaisée. La résidence compose ainsi un ilot ouvert sur la ville dont elle participe à
la qualité.
Le rez-de-chaussée des bâtiments coté rue Sadi Carnot composant la façade urbaine sont destinés à des commerces de proximité sur rue et des petits logements en cœur d’ilot. Les logements se
répartissent dans les étages, un épannelage en douceur qui participe aussi à diversifier les volumétries. Les paliers desservent peu de logements, ce qui favorise la connivence entre habitants et
famille et rompt avec les habitudes du passé souvent oblitérée par la grande échelle. Ces logements sont desservis par des escaliers à claire voie ainsi qu’un ascenseur pour le bâtiment accolé à
la tour existante.
L’ensemble décline des typologies variables, du T1 au T5. Si les standards de surface sont respectés comme il se doit, le projet privilégie l’extension des logements sur l’extérieur en offrant à
chacun un balcon, ou loggia ou terrasse de 6 à 10 m2. Ces prolongements remarquables des espaces de vie sont effectués au bénéfice de tous car les loggias sont rendues plus intimes grâce à
une résille, respectant l’intimité et la liberté de chacun sans exposer des objets disgracieux à la vue d'autrui.
Ce confort intérieur est complété par la pluralité des baies et ouvertures, mais aussi par leurs orientations multiples. Chaque logement bénéficie d’une double orientation potentiellement sur la
place, la rue et le jardin ou encore des horizons plus dégagés pour les étages supérieurs. La ville est perceptible depuis le logement, de manière filtrée certes, mais aussi dans un souci de
fusion de la cellule à vivre dans le dispositif urbain. Les salons disposent de larges ouvertures toute hauteur qui sont autant de fenêtres sur la ville matérialisées par un encadrement. Enfin,
ces percements garantissent une lumière naturelle abondante et variable au fil de la course du soleil qui est la clef d’un habitat de qualité et du plaisir d’habiter.
Les espaces extérieurs sont destinés à accueillir une végétation riche et maitrisée, plantes en pots et petits arbres. Ces végétaux dont les essences ont été sélectionnées pour leurs qualités
écologiques et leur pouvoir aromatique nécessitent un entretien minimum qui sera effectué par les locataires. Cette végétalisation des façades permet au projet de s‘inscrire dans le renouveau
d’image du quartier ; il est porteur d’attachement, de sociabilité et d’engagement pour « la nature en ville ». Il complète également l’importante place accordée aux espaces verts collectifs dans
la résidence : aires de jeux, jardins collectifs, parcelles destinées à des potagers familiaux, la végétation trouve sur les façades du bâtiment une continuité évidente, évoquant une cohabitation
harmonieuse entre hommes et nature. Celle-ci est favorisée par la récupération des eaux de pluies qui sont recyclées pour un arrosage des plantes soucieux de protéger les ressources.
Cette attitude verte n’est pas un simple habillage de façade. Elle est conforme à la logique qui fonde le projet qui mise sur la durabilité et la légèreté écologique autant qu’économique. En
effet, derrière la diversité évidente des façades avec leur résille ajourée et la végétation qui orne les multiples loggias, se cache un système mixte constructif innovant mêlant un système en
béton pour les poteaux et dalles et un système de panneau de construction bois préfabriqué en usine pour les façades.
Constitué d’un treillis de lames de bois croisées et décalées et d’un remplissage isolant adapté, cela garantit des performances exceptionnelles (thermique, étanchéité au feu, étanchéité à l’air,
etc.).
Ce mode constructif est garant de précision, de simplicité et de rapidité d’exécution mais aussi de confort pour les employés du chantier et les résidents alentour et enfin de chantier propre.
Préfabriqués en atelier, les panneaux de façade bois qui composent les bâtiments seront assemblés sur site dans
des conditions de rapidité exemplaires. Pour autant, cette sérialité constructive est déjouée par l’ingéniosité des plans qui génèrent des logements divers dans leurs typologies et n’interdisent
pas les façades dynamisées et attrayantes.
Ce projet développé dans une articulation urbaine «clé» de la ville de Bagnolet reflète le désir des concepteurs de concilier et concentrer de manière réaliste et sensible les
volontés et exigences contemporaines à la fois des acteurs et professionnels de la ville avec celles des habitants et usagers.
Notre ambition pour cet ilot est de créer un espace convivial capable d’accueillir et de concilier différents usages au sein d’un ensemble uni. Pour ce faire, le projet propose de valoriser la
cour intérieure qui, par un traitement soigné et uniforme, installera un espace fédérateur. Ainsi, nous envisagerons les espaces extérieurs comme le moyen de se réapproprier un sol, de
s’approprier son environnement proche pour le respecter, le valoriser, l’embellir. Nous pensons en effet que la prise en compte de nouvelles appropriations collectives est indispensable afin
d’assurer la vie et la pérennité du projet. Nous proposons, de ce fait, d’installer les conditions nécessaires au développement d’usages partagés et/ou associatifs par des aménagements simples.
Des jardins partagés et/ou potagers, des terrains de boules et des espaces de jeux pour enfants seront à ce titre créés au sein de la résidence afin d’offrir des lieux voués à
l’appropriation.
Ainsi, les cheminements dilatés offriront des placettes investis sable. Composé d’un sol poreux (pavés drainants et béton), des petits arbres y prendront place afin d’y apporter une présence
végétale fédératrice.
La relation, les limites, les interfaces entre les différents usages ont donc été finement étudiées de manière à allier les différences de rythmes, de pratiques, de fréquences. C’est pourquoi les
pieds de bâtiments seront aménagés de telle manière à offrir des socles végétaux capables de tenir à distance les cheminements des rez de chaussée. Arbustes persistants et grandes graminées
valoriseront cette transition végétale.
Les façades, quant à elles, seront investies d’une présence végétale forte. Des bacs, alimentés en eau pluviale stockée, pourront accueillir des grands arbustes et/ou des grimpantes qui offriront
un horizon naturel à tous les étages. Gérés par les habitants eux même, ces plantations, proposées en base, pourront être amendées d’une palette végétale propre à chaque habitations et donc
enrichir l’image de la façade.
Enfin, afin d’offrir un paysage depuis les tours et habitats avoisinants, le projet prévoit l’investissement des toitures par une végétalisation naturelle voir cultivable en fonction des besoins
et des demandes.